


Samedi 7 Février 2009
    
    Côte de Primarette (Isère) 350 m 
    Je vire autour du rond-point de REVEL-TOURDAN 
direction COUR et BUIS, ce sont mes premiers tours de roues avec le vélo 
    de course prêté par le papa de Stéph. J'accuse 96 kg sur la bascule, cette 
    montée ne parait pourtant pas si terrible, mais au bout d'1 km je dois stopper, 
    mon palpitant me lance des signaux de détresse. Je rentre à ANJOU les mains 
    en haut du guidon. Ne pas forcer surtout. Bon, ben ce n'est pas gagné, mais 
    il reste 7 mois avant mon départ pour COMPOSTELLE. Voici comment débute le 
    programme d'entrainement. Le vélo est une école de patience. J'ai décidé de 
    rouler tous les jours. D'abord, aller au boulot à vélo, soit 30 km, puis varier 
    les parcours, en tout cas j'ai une grosse motivation pour ce nouveau défi. 
    Les jours et les semaines se suivent, les progrès sont lents, surtout au début 
    forcément, de plus un vent du nord persistant freinera parfois mes ardeurs, 
  puis les paliers se franchissent doucement. 
Début Avril :
  Je tente un essai de pèlerinage de Anjou jusqu'au PUY 
  EN VELAY avec le VTT. 2 jours très riches en enseignements par le GR65.
2 jours dans la peau d'un pèlerin
 ANJOU 
      Samedi 04 avril 2009 - 7H15 
Claudine s'est levée pour assister au départ de son apprenti 
    pèlerin. Les premiers coups de pédales sont donnés devant la mairie d'Anjou. 
    Frisquet ce matin, j'ai enfilé un survêtement à la dernière minute, j'ai bien 
    fait, avec mon K-way c'est bon. Je mouline pour m'échauffer, Agnin, Salaise, 
    la montée de la CNR au bord du Rhône jusqu'au pont de la centrale de St Alban. 
    Me voici au début de ma rencontre avec le GR65 venant de Genève, à Chavanay 
    (186m), j'indique l'altitude vous allez comprendre pourquoi au fur et à mesure 
    du récit. Maintenant je n'ai plus qu'à viser les coquilles bleues et jaunes. 
    Je coupe la N86 en suivant les indications, la montée de la chapelle du calvaire 
    franchie à pieds me procure une bonne suée ! J'enlève le haut et le bas, le 
    clocher sonne 8H. Ca grimpe sérieux, le temps est idéal. Une bonne rosée indique 
    que la météo sera clémente. Des lapins détalent devant ma roue, 1 puis 2 puis 
    3 ! Je bois beaucoup, jus d'orange + sucre. Ce matin j'ai avalé une platée 
    de nouilles et une salade de kiwis, de quoi tordre les pédales, mais de fortes 
    combes calment mes ardeurs. Mon sac à dos ne pèse pas trop, l'ensemble fait 
    6K500. Equipé stricte minimum avec un duvet tout de même, lampe, topoguide, 
    une petite serviette, couteau, chambre à air, capote de pluie, fruits secs 
    et c'est à peu près tout. Mon but est surtout de me tester sur 2 jours jusqu'au 
    Puy en Velay. Franchissement du ravin de Mornieux, portage garanti. Il est 
    10H lorsque j'arrive au Bessey. Au milieu des vignes un laboureur et son cheval 
    passent la charrue. Au lavoir je refais le plein des bouteilles, j'ai déjà 
    bu 1l et demi, ça coule à mesure. La rude grimpette de la croix de Ste Blandine 
    me fait tirer la langue, 693m. Dernier regard sur la vallée du Rhône et les 
    Alpes. A Combe noire, plongeon dans un vallon très encaissé. Descente par 
    un escalier de rondins. J'ai bien fait de mettre mes grosses chaussures de 
    marche car elles accrochent très bien le sol encore humide. St Julien Molin 
    Molette : Il est 11heures lorsque je me pose au soleil sur la place de l'église. 
    Etendage des vêtements trempés, grignotage de fruits secs et amandes, pause 
    de 15 minutes. J'avale un demi à la Brasserie du Pilat avant l'ascension de 
    la montée des Anges et du col du Bouclet, ensuite le GR dévale jusqu'à Bourg 
    Argental. Il est midi, le mercure indique 13°. J'ai parcouru 45 km. J'appelle 
    pour réserver le gîte de ce soir dans le hameau de Sétoux à 20 km d'ici. Je 
    m'installe à la terrasse ensoleillée d'un bistrot ; coca, jambon-beurre, ½ 
    heure d'arrêt. Pas encore de sensation de fatigue mais ce 1er tronçon fut 
    costaud, voyons la suite. Comme j'ai décidé de rouler souple et sans forcer, 
    j'ai souvent poussé le vélo, environ 20% du temps. Pas question de péter une 
    durite au départ. Lorsque j'enfourche à nouveau mon VTT les mollets sont raides. 
    Cap à l'ouest ! Tiens, je coupe le GR 42 qui, lui, va jusqu'à Avignon. Lignes 
    droites et escaliers se succèdent, le chemin suit l'ancienne voie ferrée Le 
    Puy-Annonay. Juste après le viaduc de la Poulette je surprends une chevrette 
    qui me fait immédiatement voir son cul blanc. Plus loin c'est un grand lièvre 
    qui détale. L'ascension continue, les panneaux indiquent 754 m, plus ça va 
    plus je marche, le petit développement ne suffit plus, loin s'en faut ! Nouvelle 
    halte séchage dans l'abri d'Aiguebelle (986 m). Rencontre avec un marcheur 
    et son chien. Maintenant des congères de neige obstruent le passage mais des 
    traces de 4/4 facilitent la marche, pas question de rouler sur cette neige, 
    la roue avant se plante dedans. Me voici arrivé au Tracol (1062 m). Jonction 
    avec le GR7 qui suit la ligne de partage des eaux, route au sud. La neige 
    est partout maintenant, un cycliste est passé il y a quelques jours à en juger 
    les traces. Donc il n'y a pas de raisons que je ne passe pas ! La forêt du 
    Taillard est dense, la neige lourde qui est tombée il y a plusieurs semaines 
    a fait céder les branches des pins, certaines d'entre elles barrent la piste. 
    Le soleil brille, pas de bruit, parfois mon poids fait céder la croûte de 
    glace, j'enfonce jusqu'aux genoux. Ça monte " velu " ! Un panneau indique 
    : Suc du Tronche 1204 m et Les Sétoux 3km200. Il est 16 heures, encore un 
    petit effort et j'y suis, ça descend maintenant. La fonte des neige grossit 
    les ruisseaux, je suis bien trempé, en haut par la sueur et en bas par la 
    neige qui emplie mes godasses. " Bien m'en a prit de ne pas mettre les chaussures 
    légères " me dis-je une fois de plus. Les Sétoux (1142 m). Hameau isolé de 
    quelques maisons en granit rose et aux toitures de lauze. Une chouette chapelle 
    romane avec deux cloches, à ses pieds une plaque de marbre rappelle qu'un 
    B52 américain a explosé dans le secteur en 1942. Deux grands bassins sont 
    alimentés par une source, comme dit le paysan qui pioche son lopin de jardin 
    : " l'eau c'est pas ce qui manque ! ". Visiblement la vie est rude ici. Je 
    vais au gîte, il est 17h30, mon compteur indique 59 km pour 9 heures de selle. 
    Le gîte est un bâtiment neuf, à la sortie des maisons. Une agitation annonce 
    les préparatifs d'une fête. Des gars installent une sono et des éclairages. 
    Chic ! On va guincher. Mais on me signale que les tenanciers sont aussi ceux 
    qui tiennent l'auberge au centre. Je remonte, la dame est là ; la quarantaine, 
    cheveux châtain mi-long, lunettes carrés, très sympa. Retour au gîte pour 
    me faire visiter mes quartiers : grande chambre à l'étage, nickelle et petite 
    salle pour mon vélo. Je me mets à l'aise, douche etc... Opération " séchage 
    des pompes et chaussettes" (puisque j'en ai qu'une seule paire !) devant le 
    radiateur avec un système d'étagère. Je fais ensuite connaissance du jeune 
    homme qui va fêter ses 50 ans ce soir, autant d'invités sont attendus. L'homme 
    se fond en excuses car cela va faire du bruit, pour le coup il m'invite à 
    l'apéro. Mais à 19 heures retour à l'auberge pour souper en compagnie d'un 
    couple de pèlerin suisse venant de Zurich et se rendant à St Jean Pieds de 
    Porc. Elle, ex-chanteuse, lui, retraité d'une banque. Tous deux désolés de 
    savoir leur pays inscrit sur la liste grise des paradis fiscaux. Repas à base 
    de produits locaux, fromage fabriqué par la patronne. Au gîte l'ambiance bas 
    son plein. Les bouteilles de pastis voltigent, je ne peux pas y échapper. 
    Malgré mon refus on me sert une purée de Ricard, le gars me dit " Venez avec 
    les anciens " tandis qu'il me tend une plaque de pizza, " J'ai déjà mangé 
    " rien n'y fait. Je grignote et trempe mes lèvres dans ma " purge ". Quelle 
    équipe ! Le gars passe me voir toutes les 5mn " il faut manger !" " Ben, vous 
    buvez pas ? " Je tente une sortie discrète mais on me voit et retour, je m'assois 
    puis je m'esquive un moment après. Ouf, au calme, enfin très relatif car les 
    enceintes crachent " Les fiancés d'Auvergne " à tue-tête, mais la fatigue 
    me gagne et ce n'est qu'à 4 heures du mat que la sono me rattrape avec " A 
    la queue leu leu " et " La danse des canards ". Comme dirait mon boucher : 
    " C'est pas du Gîte à la Noix " 
    
    Dimanche 05 avril - 7H30 
    Petit déjeuner copieux, 
    puis en selle objectif du jour St Julien Chapteuil, 50 km. Première partie 
    facile, vallonnée, passages superbes, mais j'ai mangé mon pain blanc, la suite 
    est très corsée. Succession de combes aux dénivelés vertigineux. 2H30 pour 
    faire 16km. Il est 10 heures lorsque j'arrive à Montfaucon. Arrêt rapide, 
    au loin le Mézenc pointe tout blanc. R.A.S jusqu'à Tence, casse-croûte reposant 
    au bord du Lignon en compagnie d'un pèlerin hollandais. La reprise est difficile, 
    comme vidé j'ai un gros " coup de bouillotte " en vue du Meygal. Pause fruits 
    secs. 1250 m, encore une fois la neige me coupe le passage, mais cette fois 
    le manteau neigeux est trop épais, la D18 m'amène à Queryères et son impressionnant 
    rocher d'orgues basaltiques. De retour sur le chemin je double deux " pèlerines 
    " dans une descente étroite menant à un moulin. Superbes montagnes, bel après-midi, 
    il est 16 heures et j'arrive à St Julien, un peu plus frais que tout à l'heure. 
    Fin de mon test GR65. Le gîte d'étape communal super équipé m'accueille, chambre 
    4 lits. Un panonceau indique : " installez-vous, nous arrivons ce soir pour 
    les formalités ". Cool ! J'écluse un Perrier au bistrot place de la mairie, 
    une heure plus tard mes " pèlerines " arrivent, elles viennent d'Autriche, 
    je fais le guide. Le responsable du dortoir encaisse la nuit : 8€, je fais 
    la popote dans la cuisine aménagée. Pâtes, saucissons sec et bavardage en 
    anglais. Les demoiselles sont H S, moi aussi, alors dodo à 9 heures. 
    Demain 
    retour par la route chez Batiste et Elodie à St Agrève, puis Anjou. 
    Mardi 
    07 avril 
    Descente de Serrières, le compteur flirte avec les 70 km/h. juste 
    en face on distingue la colline d'Anjou, au fond le Vercors, la grande Moucherole 
    et le Bec de l'Echaillon. Je suis arrivé ! Essai de pèlerinage très positif, 
    pleins d'enseignements, des choses à modifier, toutefois difficile de s'alléger 
    encore plus. L'option gîte convient bien, si je veux camper c'est au moins 
    5kg à embarquer en plus (tente, tapis de sol, gaz etc...) Bon je vais continuer 
    mon entraînement avec sac à dos de plus en plus chargé. Des progrès à faire 
    dans les chemins à fort pourcentage. J-4 mois et demi. En tout cas, déconnection 
    totale sur ce chemin si attachant et chargé d'histoire. Ce n'est pas le but 
    qui est important, c'est le cheminement.
Ensuite, je me jauge en participant à plusieurs randos organisées 
    dans la région, avec des résultats pas trop ridicules, ma foi. 
    Juin 2009 : J'allonge les distances et roule souvent avec le sac à dos chargé. 
    Mi- juillet : Baisse de forme, break d'une semaine puis reprise de plus belle et nouveau 
    teste grandeur nature jusqu'au PUY début Août avec mon neveu Simon. Je suis 
    encouragé par une très nette amélioration des performances. La rigueur des 
    exercices a payé, surement favorisée par une perte de poids de 10 kg. 
    J'ai 
  aussi appris à gérer et à mieux contrôler les efforts. Je suis content. 
